Origine et
signification Sinueuse, très accidentée en raison de
ses nombreux rapides, cette rivière charlevoisienne, longue de 72 km, prend sa
source dans une région baignée par une série d'étendues d'eau plus ou moins
petites, dont le lac Pierre, le lac du Cœur (823 m) et le lac du Gouffre, à
environ 5 km à l'est du lac des Martres et à 10 km à l'ouest de la rivière
Malbaie. Serpentant vers le sud-ouest, elle se jette dans le Saint-Laurent, en
face de l'île aux Coudres, par la baie Saint-Paul. « Elle draine 1 010
kilomètres carrés de territoire où l'on dénombre 185 lacs et 35 affluents dont
les principaux sont les rivières du Gouffre Nord-Ouest, de la Mare, du Gouffre
Sud-Ouest et des Îlots. (...) la rivière du Gouffre fit l'objet d'une pêche aux
huîtres perlées (moules d'eau douce) aux alentours de 1909. » Paru dans un
dépliant de l'Association de conservation de la Vallée du Gouffre reçu en 1998.
La ville de Baie-Saint-Paul s'étend, sur ses deux rives, près de son embouchure.
Dans ses Voyages (1608), Samuel de Champlain précise qu'«il y a une petite
riviere qui entre assez avant dedans les terres, nous l'avons nommée la riviere
du gouffre, d'autant que le travers d'icelle la marée y court merveilleusement,
et bien qu'il face calme, elle est toujours fort esmeuë, y ayant grande
profondeur». Le tourbillon qui se forme au pied du cap aux Corbeaux, un peu à
l'est de la rivière du Gouffre, débute à l'étale des marées et disparaît au plus
fort de ces dernières. Longtemps les navigateurs de Charlevoix ont eu à
affronter ce phénomène, source de terreur, puisque leur départ se faisait
justement à l'étale. Il en résultera de nombreux naufrages. Le toponyme créé et
bien expliqué par Champlain désigne justement ce courant tourbillonnaire. Une
hypothèse, non conforme à l'histoire, veut que la rivière du Gouffre ait reçu ce
nom à cause des glissements de terrain qui se produisent à l'occasion sur son
parcours, surtout dans la région de Saint-Urbain. On a d'ailleurs dû ériger
plusieurs murs de soutènement le long de ses rives car elle connaît, chaque
printemps, d'importantes crues. Le toponyme Rivière du Gouffre se retrouve
notamment dans l'acte de concession, effectué le 15 janvier 1636, de la
seigneurie de la Côte-de-Beaupré à Antoine Cheffault de la Renardière ou
Regnardière par la Compagnie des Cent-Associés, et sur une carte de Duchesneau
de 1678. On en relève aussi la mention à plusieurs reprises dans un aveu et
dénombrement de 1732. Champlain avait indiqué la baie du Gouffre – maintenant
Baie Saint-Paul –, mais non la rivière, sur la légende de sa carte de 1632. La
rivière du Gouffre est appelée Rivière du Nord Est sur la carte d'Ignace
Plamondon de 1735. Un document cartographique anonyme, également de 1735,
signale la rivière du Nordest ou de la Mine. Arthur Buies, dans un article du 18
août 1872, mentionne que cette rivière est « communément appelée le Bras ». Paru
dans Chroniques, Humeurs et Caprices, édition Nouvelle, Québec, 1873, page 192.
Rivière du Gouffre fut approuvé le 11 mai 1946. Aunona,
Ktadooshok, Tadolshoo et Tadoolshoo sont des variantes
amérindiennes de la rivière, Rivière du Gouffre (Bras N-E) étant une
autre variante.
Source :
Noms et lieux du Québec, ouvrage de la Commission de toponymie paru en
1994 et 1996 sous la forme d'un dictionnaire illustré imprimé, et sous celle
d'un cédérom réalisé par la société Micro-Intel, en 1997, à partir de ce
dictionnaire.
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